1. Pour créer votre meute, choisissez des personnes qui partagent d’abord votre vision du monde. N’oubliez pas que l’apparence physique et la sexualité n’auront plus aucune importance quand vous allez vous retrouver ensemble dans la même galère.

Qu’est-ce qu’une « vision du monde partagée » ? La logique et le bon sens nous diront qu’il s’agit d’une ressemblance de vision du monde basée sur des perceptions subjectives de la réalité. Mais la perception de la réalité dépend d’un grand nombre de facteurs : sexe, modèle familial, études, métier choisi, ou, encore, des événements importants de la vie (surtout en période précoce).

Pouvons-nous changer la perception de la réalité ? Oui. Surtout lorsque nous-mêmes ou nos proches sommes en danger. De nombreux cas témoignent de ce phénomène : lorsqu’une personne, ayant eu une maladie grave, a soudainement commencé à apprécier les choses les plus simples dont elle ne se préoccupait pas auparavant : le coucher de soleil, le goût de l’eau de source, la beauté des fleurs sauvages… Autrement dit, la perception de la réalité n’est pas constante. Elle peut changer, surtout lorsque l’angoisse de la mort ou une réelle prise de conscience de sa possibilité se manifeste.

Mais comment trouver ceux avec qui on peut traverser des océans, sans s’inquiéter des futures réactions d’un nouveau partenaire quand la première situation complexe se présentera ?

Tout d’abord, en observant son comportement. Chaque acte de comportement est avant tout un choix, et vous pouvez tirer un grand nombre de conclusions sur la personne, surtout si vous analysez le scénario qu’elle n’a pas choisi. « Le chemin de vie est le chemin des alternatives rejetées », comme l’a dit brillamment le célèbre psychologue russe Alexander Asmolov.

Imaginons-nous à la place d’un recruteur de n’importe quelle entreprise. Questions clés lors du premier entretien sont souvent les suivantes :  » Pourquoi avez-vous quitté votre dernier poste ? « ,  » Pourquoi avez-vous choisi notre entreprise ? « . Ce sont des questions concernant les choix que la personne a déjà faits.

Quels choix a-t-elle rejeté et pourquoi ? Tout cela peut être étudié rapidement, il suffit d’apprendre à poser de bonnes questions.  Le schéma est similaire avec les relations personnelles.

N’ayez pas peur de poser des questions et d’analyser les réponses. Après tout, une seule chose compte : quel choix cette personne ferait lorsque vous, votre vie, vos intérêts, votre cause commune seront en jeu. Toutes les déclarations précédentes ( » je n’ai jamais … « ,  » j’ai toujours … « ) n’auront plus aucun poids lorsqu’un membre de votre meute serait confronté à un vrai choix de vie.

Chacun de nous décide en fonction de sa perception de la réalité, de son expérience antérieure et de sa vision du monde. Le choix est toujours clair quand on sait sur quelle base il a été fait (ou rejeté). Les vraies valeurs de la personne sont absolument transparentes si nous avons des informations sur les bases de ses choix. Les cas où la personne invente complètement une belle légende sur elle-même sont extrêmement rares. Soyez juste attentif, et si vous doutez de sa sincérité, posez toujours la même question :  » Quelle alternative as-tu eu… ?  »

Les loups doivent faire au moins un choix crucial dans leur vie : rester dans la meute « parentale » ou partir. Si ce choix n’est pas dicté par un manque de ressources alimentaires, alors il est associé à l’impossibilité de se reproduire. David L. Mech, biologiste spécialiste du loup, a dit que chaque jeune est un loup « alpha » potentiel.

Rester dans sa meute signifie de ne pas avoir cette opportunité et d’obéir inconditionnellement aux parents, mais, en retour, de bénéficier de la sécurité, de la nourriture et des relations sociales. Le risque de mort lors de la dispersion est très élevé et la probabilité de rejoindre une autre meute est extrêmement faible. Après avoir quitté sa propre meute, le loup ne pourra compter que sur lui-même pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’il rencontre un(e) partenaire fiable et crée sa propre meute. Et là, alors il obtiendra ce qu’il a réellement choisi en quittant la meute parentale : son propre groupe social.

En d’autres termes, quitter sa meute, son groupe, sa famille est un « projet » dont le résultat n’est non seulement pas garanti, mais le processus lui-même est risqué. Inutile de dire que seuls les loups les plus forts, rapides et intelligents, mâles et femelles, atteignent leur objectif…  La dispersion menant à la diversité génétique et son succès (création d’une nouvelle meute) est un processus de sélection naturelle conduisant à la survie de l’espèce. Au travers notamment des qualités de leadership. Rester dans la meute « parentale » en fait également partie, par l’obéissance et l’abandon de certains privilèges.

Quel que soit le choix du loup, il aura raison. Mais les partenaires indépendants, rapides, intelligents et forts ne rencontrent que ceux ou celles qui leur ressemblent.

Si vous voulez une équipe (ou un conjoint) forte et charismatique, vous devez chercher de tels partenaires, en analysant leur choix de vie avant votre rencontre. S’il y a similitude de visions du monde, des valeurs fondamentales et des objectifs, vous obtiendrez le résultat souhaité. Si vous voulez juste de l’obéissance, choisissez des personnes dont l’histoire est fondée sur l’obéissance comme stratégie.

Mais « deux en un » – cela n’existe pas. Ni en affaires, ni en famille.

Wolf Project, 2020

Image : Art work Joey Remmes (joeyremmers.com)