1. N’oubliez jamais que le sentiment de contrôle est un impératif biologique : si votre co-équipier pense qu’il ne contrôle rien, il finira par choisir une autre meute. La solution : Déléguez.

 

Le sentiment de contrôle se définit par la capacité à modifier son environnement physique et/ou social. Vous avez le contrôle quand que vous savez que vos actions entraîneront les changements dont vous avez besoin. Par exemple, vous dormez au soleil et vous savez que vous avez la possibilité de vous mettre à l’ombre si vous avez chaud. Autrement dit, vous pouvez augmenter votre propre confort par vos actions. Vous pouvez modifier la température ambiante, la sensation de soif, de faim et autres besoins vitaux, y compris vos besoins sociaux.

Lorsque on perd le sentiment de contrôle et ce quel que soit le domaine, on ressent du stress, et si cette situation perdure, l’angoisse nous envahit. Elle peut atteindre un niveau tel que toute action commence à avoir un sens, même si cela va à l’encontre de la logique, des lois, des droits d’un autre individu. Acheter un billet de loterie dans un moment de désespoir financier. Lyncher un criminel, sans attendre l’arrivée de la police. Vérifier le téléphone, le courrier du conjoint, embaucher un détective pour le suivre. Exiger des rapports détaillés tous les jours, en se concentrant uniquement sur des fautes des employés. Il existe d’innombrables symptômes. Le syndrome obsessionnel-compulsif en fait partie.

Des actes posés quels qu’ils soient (même insensés, immoraux, illogiques, inhumains…), réduisent notre anxiété en nous permettant de nous sentir acteur de notre vie et pas un spectateur impuissant. Pourquoi les animaux tolèrent-ils si peu les petits espaces homogènes ? D’une part, parce qu’ils manquent de stimulation, comme le montrent les analyses des stéréotypies développées dans des zoos ou des cirques (actions répétitives anormales qui n’ont pas de but – courir sans s’arrêter le long d’une clôture, nager en cercle dans un bassin p. ex.). D’autre part, parce qu’ils n’ont pas de possibilité d’agir sur leur environnement, ou leur émotions associées et de diminuer ainsi les contraintes liées à la captivité.

La passivité et le refus d’agir est la dernière étape de la perte de contrôle. Ceux qui s’intéressent à la psychologie connaissent certainement les expériences (très inhumaines, d’ailleurs) de Seligman, qui ont permis de formuler le concept d’impuissance apprise, un état qui apparaît chez un individu après plusieurs tentatives infructueuses d’agir sur son environnement immédiat ou de lui échapper. Cet état se caractérise par la passivité, le refus d’agir, la réticence à changer l’environnement hostile ou à l’éviter, même lorsque l’occasion se présente. Quand on voit quelqu’un déprimé et triste, allongé sans bouger, on pense d’abord à la dépression. Et ce mot magique nous libère de nos responsabilités (en tant que son environnement), surtout en ce qui concerne les animaux.

Alors qu’est-ce que la liberté ? Du point de vue du concept de contrôle comme impératif biologique, il s’agit de besoin de l’individu de ressentir sa capacité de contrôler son environnement pour améliorer sa condition. Plus le territoire (ou le champ d’action) est large, plus le sentiment de contrôle est élevé, car plusieurs possibilités de changement s’offrent à l’individu. Changer de partenaire, d’entreprise, de métier, de ville, de pays. Ce n’est pas le changement lui-même qui compte, mais la sensation que nous avons le choix : « Je reste si je veux, je pars si je veux ». La liberté de choix est une tautologie.

Qu’est-ce qui pousse l’individu à choisir une autre « meute » ? L’insatisfaction face à la situation qui lui est propre. Ce qui pousse à la démission, au divorce, à l’émigration. Le lien « stress – anxiété – désir d’action – action – changement d’état » doit être achevé, nous sommes faits ainsi. Mais nous pouvons essayer d’agir sur le sentiment de stress et d’anxiété éprouvés par des membres de notre meute.

Donc, si vous voyez que votre co-équipier fait quelque chose qui dépasse le bon sens ou qu’il est triste et malheureux, vous pouvez essayer d’agir sur son sentiment de perte de contrôle en lui déléguant des actions concrètes (celles qui l’intéressent). Organiser les vacances, préparer et animer une réunion, calculer le budget… Vous pensez que vous feriez tout cela mieux que lui, c’est normal : s’il en était autrement, il ne serait pas dans cet état. Il ne pense pas pouvoir agir sur quoi que ce soit. Il est peut-être malheureux à cause de cela.

Enseignez au lieu de corriger. Déléguez au lieu de délaisser. Si vous ne savez pas comment faire, lisez « Don’t shoot the dog, le nouvel art de l’éducation » de Karen Pryor, et « When Your Child Drives You Crazy » de Eda J. LeShan. Ce sont deux meilleurs livres pour les dirigeants et les parents. Et si vous déléguez, faites ça pour de vrai : au moins vous allez comprendre si la crise de votre co-équipier est due à votre comportement. Ou pas.

Comment gérer l’anxiété ? Elaborez des différents plans «B», au moins un : faites une formation supplémentaire, augmentez vos compétences, apprenez une langue, élargissez votre réseau social et des contacts utiles, cherchez des personnes partageant les mêmes idées, économisez l’argent ou investissez.

Une bonne forme physique a un effet très positif sur l’anxiété. Faites du sport ou marchez, contrôlez ce que vous mangez en termes de qualité et de quantité. N’oubliez pas que les loups ne sont gros que dans les zoos. Trouvez une zone dans laquelle vous pouvez « chasser » : des idées, des livres, des objets de collection, des compétences : tout ce qui demande une recherche active et systématique d’informations. Éliminez les dépendances. Riez ! Le rire réduit l’anxiété. Lisez le livre de Norman Cousins ​​et commencez à rire, car il vaut mieux rire que d’avaler des antidépresseurs et des anxiolytiques.

N’oubliez pas que le plan B augmentera votre sentiment de contrôle, et réduira votre anxiété. La recherche des solutions pertinentes pour réduire votre stress deviendra beaucoup plus facile, car pour sauter du train, il vaut mieux le faire, au moins, au bon endroit et au bon moment.

Wolf Project, 2020

Image :Jerry LoFaro (https://fineartamerica.com/profiles/jerry-lofaro)