Par Anne Frézard, Responsable d’exploitation du Parc Argonne Découverte (PAD) depuis 2008. Anne a soutenu une thèse intitulée « Le loup (canis lupus lupus) captif : de la connaissance du monde propre à l’amélioration des conditions de captivité » en 2002.

  • Au PAD « on enferme des animaux » :

Les animaux sauvages sont protégés de la capture en nature depuis 1976. Seuls les « mauvais » parcs aujourd’hui prélèvent encore des animaux en nature pour les présenter au public, et ceux-ci sont heureusement en voie de disparition. Il existe aussi des parcs qui présentent des animaux malheureusement prélevés en nature car ceux-ci ne peuvent être relâchés dans leur milieu naturel du fait notamment de handicaps suite à un accident, de l’habituation ou de problèmes législatifs.

Les animaux présentés au PAD sont nés en captivité, ils ne sont donc pas enfermés mais vivent dans un environnement qui leur correspond. En effet, les animaux nés captifs ont subi une sélection certes involontaire de la part des éleveurs mais il n’en demeure pas moins qu’ils sont différents, au niveau de leur comportement du « phénotype sauvage ». Ce sont des animaux sauvages au sens zoologique du terme mais pas au niveau éthologique.

  • « Les animaux en parc ne sont pas libres, ceux de la nature le sont » :

Les animaux en parc vivent dans un monde de contraintes (présence du public, horaire de nourrissage…) mais les animaux en nature aussi. En nature, tout comme dans un parc on ne fait pas ce que l’on veut. Certaines espèces s’habituent très bien aux contraintes liées à la captivité (les loups en sont un bon exemple), d’autres non (certains félins…).

  • « Enfermer des animaux, ce n’est pas écologique, mais seulement économique » :

Présenter des animaux européens qui ont été présents dans notre milieu, comme les loups, cela a certes un aspect économique, mais aussi pédagogique ne serait-ce que par l’attrait qu’ils suscitent et donc les nombreuses occasions qu’ils donnent de converser avec les visiteurs sur le Loup mais aussi tous les autres sujets qui lui sont de près ou de loin associés.

Il est aussi évident que la présentation d’animaux captifs n’a rien d’écologique mais cet argument n’a jamais été avancé par les détenteurs de faune sauvage que nous sommes. La présentation du loup en captivité n’a pas d’intérêt au niveau conservation et nous n’avons jamais essayé de faire croire cela.Il est clair que les animaux sauvages rapportent de l’argent que ce soit de manière légale ou non. Les parcs animaliers et zoologiques luttent d’ailleurs contre ces trafics.

Pour résumer :

  • Les loups ont des conditions de vie qui leur correspondent et qui minimisent les contraintes liées à la captivité. Les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux de rente tels que les poules et les porcs sont bien plus préoccupantes pour des personnes sensibles au bien-être animal que ne peuvent l’être celles des loups du Parc Argonne Découverte.
  • Pour une meilleure connaissance des animaux, de leur monde propre et de leurs besoins. Pour être heureux dans sa peau de loup, celui-ci n’a pas besoin de chasser. La chasse est nécessaire en nature mais pas obligatoire.  Celui-ci n’a pas besoin de chair fraîche… Il n’a pas non plus besoin de grands espaces. Les études diverses et variées le montrent. Les animaux ont besoin du gîte et du couvert. Mais ceux de la nature et ceux des parcs sont bien différents ! En nature, les loups qui ont le choix préfèrent manger des cadavres plutôt que de chasser (Boitani et al. notamment).
  • Les loups de souche captive ont besoin :
  • d’un sentiment de sécurité (distance de fuite d’au moins 30 m, refuges et fourrés, écrans végétaux)
  • de congénères
  • de choix possibles